samedi 27 octobre 2012

Fête de L'Aid El Kébir: Une ambiance particulière



L'Aïd El Kébir littéralement «la grande fête» est aussi appelée «Fête du mouton», ce qui la différencie des autres fêtes. En arabe classique : on l’appelle «Aïd El Idha», «La fête du sacrifice», c’est une grande fête religieuse qui célèbre le miracle opéré par Dieu substituant un bélier au fils qu’Abraham lui offrait en sacrifice. Cette fête est aussi une communion entre musulmans.


A partir du moment où il est choisi pour être destiné au sacrifice, le bélier devient presque sacré, on lui fait boire différents breuvages selon les régions, le matin de l’Aïd. C’est après la prière que le mouton peut être égorgé, généralement c’est autour de 8h30. Le sacrifice doit être accompli par un homme pieux qui tranche la carotide de la bête dont la tête est dirigée vers La Mecque.

Dès que le sang jaillit tout devient important dans l’animal.«Jadis les femmes, raconte Oumi Zeineb, recueillaient le sang pour l’utiliser à des fins curatives, la peau de la tête est considérée comme le meilleur tapis de prière et la vésicule biliaire a des vertus extraordinaires».
Le premier jour, seuls les abats et les côtelettes sont consommés.

Après et selon les régions et les us et coutumes, le mouton n’est pas entamé n’importe comment. Les uns consomment d’abord la tête avec du couscous ou à la vapeur, nous dit Oumi Zeineb, et de poursuivre : «D’autres commencent par l’épaule qui désossée permet d’y lire l’avenir : la bonne récolte, un bonheur quelconque, les jeunes filles peuvent distinguer les silhouettes d’éventuels prétendants…».

Autrefois, renchérit Oumi Zeineb, le soir de l’Aïd, les gens se livraient à des festivités et à des rituels tels que le «Boujloud», le lien aux sept peaux de mouton. Les festivités pouvaient durer sept jours.




Le jour de l’Aïd donne à la vie sociale une coloration particulière. Tôt le matin, les psalmodies du Coran fusent des mosquées où les hommes se retrouvent pour la prière de l’Aïd et l’odeur de l’encens remplit les foyers. Après quoi, c’est toute une activité débordante qui s’installe. Activité où la gastronomie a une part essentielle. Le repas se compose traditionnellement d’un plat unique les «qlaya» et de la salade méchouia. Les andouillettes au goût relevé, préparés à partir des abats sont réservées pour le deuxième jour de l’Aïd : «J’ai allumé le canoun et mis l’encens, le vent va faire rougir les braises pour faire le ‘‘méchoui’’, nous dit Assia, mère au foyer. Et de poursuivre : «Le mouton égorgé, il me faudra deux heures pour parvenir à bout de toutes les tâches du jour».



A table on s’attarde sans souci du temps qui passe. Les maîtresses de maison veillent aussi à offrir aux visiteurs les mets du jour. Et aucun repas ne saurait se terminer sans le fameux verre de thé.

Après le déjeuner, les maîtresses de maison commencent une longue série de corvées domestiques qui durent jusqu’au soir : préparer les andouillettes, épicer le «kadid», la viande salée, la peau du mouton.
«L’Aïd a connu des métamorphoses dans la forme et dans le fond», souligne am Lamine, propriétaire du fameux café des Nattes à Sidi Bou Saïd : «Autrefois, l’Aïd avait aussi ses traditions vestimentaires. Les hommes portaient le ‘‘kabbous’’ et la ‘‘jellaba’’. C’était une occasion pour la famille et les amis de se retrouver. Aussi les hommes se rencontraient-ils beaucoup dans les cafés pour échanger les vœux de l’Aïd. La communion entre les voisins était profonde et peut aller jusqu’à offrir un bélier aux familles pauvres», poursuit-il.

Mais les temps ont bien changé, on n’égorge plus le mouton comme avant. L’évolution du mode de vie a entraîné de nouvelles habitudes, les gens n’ont pas appris les techniques du sacrifice comme le faisaient leurs ancêtres. Aujourd’hui le sacrifice du mouton se fait soit à la chaîne dans les boucheries spécialisées, soit dans la cour intérieure d’un immeuble, ou encore sur l’emplacement des parkings dans les nouvelles cités. Ce sont des bouchers ambulants qui font le tour des zones urbaines et fixent leurs tarifs entre 10 et 15 dinars par tête d’agneau.

Le sacrifice et son sens demeurent ancrés. Mais les modes ont changé, même les réjouissances ne semblent plus avoir le même goût.
Photo : babnet

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